LES ICÔNES :  LES  ÉCOLES

 

              Tous les pays, toutes les villes, voire chaque peintre, pourraient être considérés comme formant une "école" à lui seul. Cependant, on peut distinguer de grands axes dans la peinture d'Icônes.

Les premières Icônes, nous l'avons vu, viennent de Constantinople. Mais il en existe aussi venant de Grèce, de Russie, des Balkans, de Pologne, de Géorgie, de Valachie, de Moldavie, d'Egypte,.... De plus, dans ces pays mêmes, on peut distinguer des différences entre les Icônes, selon qu'elles proviennent des iles grecques, du Mont Athos, du Sinaï, de Kiev, de Kazan, de Moscou, de Serguei-Possad, ..., etc.

Toutes ces Icônes ont leurs spécificités, mais toutes respectent un même code. En effet, dans une Icône tout est typé, schématisé et figé. L'espace n'a pas de point de fuite vers l'arrière, comme nos yeux nous le montrent habituellement, mais ce point de fuite se trouve devant l'Icône : c'est ce que l'on appelle "la perspective inversée" (Cf. ci-dessous).

 

De même, les minéraux et végétaux ne ressemblent pas à ce que nous avons l'habitude de voir autour de nous : ils semblent irréels, car dans l'Icône l'action n'est pas terrestre mais céleste.

 

C'est pourquoi quand nous comparons, par exemple, les évolutions des peintures de la Vierge dans le monde occidental et dans le monde orthodoxe, nous voyons que, si dans le premier la peinture évolue au gré des temps, il n'en est pas de même dans le second :

 

 

                      La peinture d'Icônes (en réalité, on parle "d'écriture" d'icônes) était assimilée à un service divin. N'importe qui ne pouvait donc prétendre créer des Icônes. Les peintres devaient satisfaire à des exigences sévères avant de pouvoir écrire une Icône.  La prière et l'ascèse devaient l'accompagner tout au long de sa création. En outre, le maître devant s'effacer devant son oeuvre, les Icônes ne sont pas signées.  C'est pourquoi peu de créateurs d'Icônes nous sont aujourd'hui connus.

                Les ateliers devaient respecter des règles strictes qui étaient souvent consignées dans des manuels qui contenaient des descriptions détaillées du processus de création de l'Icône ( modèles, recettes de fabrication des couleurs, conseils, ...).

 

 

LES ICÔNES RUSSES :

                Après la conversion de la Russie au christianisme vers 988, des écoles icônographiques se sont développées à Kiev, Souzdal, Iaroslav, ..., fournissant des Icônes d'après le modèle bysantin.

                Puis peu à peu, à partir de 1070,  KIEV développa sa propre école aux caractéristiques fort différentes des modèles bysantins. Ainsi, elle influença le reste de la Russie où apparurent des centres icônographiques :

    - NOVGOROD, avec ses coloris clairs et brillants où domine le rouge,

    - SOUZDAL, avec ses Icônes élégantes reflétant les goûts de l'aristocratie,

    - MOSCOU, avec le plus grand des peintres d'Icônes : Andreï ROUBLEV.

    - Mais on peut citer aussi : PSKOV, SMOLENSK, PALECH, ....

            Plus tard, des tendances occidentales pénétrèrent en Russie et la peinture évolua. Mais un contre-mouvement de peintres conservateurs, condamnant cette tendance exigea le retour à la tradition.

             En 1917, la révolution bolchévique mit un terme à ces écoles iconographiques russes et détruisit de nombreuses Icônes. Depuis la chute du communisme, on assiste peu à peu à un retour à la sauvegarde et à la peinture d'Icônes.

 

NOVGOROD

MOSCOU

PSKOV

                           

 

LES ICÔNES CRÉTOISES :

                Après la chute de Constantinople aux mains des Turcs, beaucoup de peintres d'Icônes se réfugièrent en Crète. Mais, cette peinture dévia vite vers l'influence italienne.

 

THÉOTOKOS  qui trône

 

 

LES ICÔNES DU MONT ATHOS :

                Cette montagne sacrée, couverte de monastères orthodoxes appartenant à différentes communautés, elles-mêmes originaires de différents pays (Russie, Grèce, ...),  est devenue le centre de la tradition icônographique bysantine.  Elle recèle ainsi un trésor artistique unique au monde.

 

                   

 

 

 LES ICÔNES BALKANIQUES :

                Un autre groupe important est formé par les icônographes des Balkans. On peut y distinguer la Roumanie, la Grèce, la Macédoine, la Bulgarie, la Serbie.  Cependant, la période communiste et sa répression religieuse puis la guerre entre les différentes communautés balkaniques ont bloqué quand elles n'ont pas détruit, des trésors.  La peinture d'Icônes n'est donc plus pratiquée que dans certains monastères.  Cependant, les croyances et traditions perdurent.

 

MACÉDOINE

 ROUMANIE

SLOVAQUIE

YOUGOSLAVIE

                                                                                                                           

  

LES ICÔNES POLONAISES :

               Les Icônes polonaises proviennent essentiellement de la partie sud-est de la Pologne, c'est à dire des régions subcarpatiques principalement. L'apparition de cette peinture d'Icônes ne peut être datée avec précision et les premières étapes de son développement n'ont pas encore été totalement éclaircies.  Les plus belles datent des XV° et XVI° siècles.

 

"L'entrée à Jérusalem" - XVI° siècle -

 

 

LES ICÔNES COPTES :

                Héritières de l'art gréco-égyptien, dont l'âge d'or se situe entre le V° et le VIII° siècle, ces Icônes se sont développées principalement en Egypte au sein des communautés orthodoxes locales.  L'iconographie copte se distingue par son souci de représenter, non les traits de la personne, mais son âme. La peinture en est donc assez différente (têtes imposantes, petits corps).

 

 Le Christ  protégeant l'abbé Ména (moyenne Egypte)

 

CHRIST PANTOCRATOR  ( Sinaï )